Je peins et je dessine pour raconter des histoires qui ne se disent pas avec des mots. Ou alors bien mal. Car les mots ne sont jamais assez pertinents, parfois même sont-ils des leurres, des truchements. Ce qu’il y a entre les mots me semble parfois plus intéressant. Les mots ne savent pas bien révéler la vérité, ou alors moins bien que le corps, la chair, les os. De la peinture pour tenter de dires ces choses intimes, ces tabous, pour dire l’organique, le viscéral. Issues d’une vie intérieure et antérieure, mes histoires sont tissées de toutes les strates qui brouillent la verbalisation linéaire. Je tente de faire sortir du magma une forme vérité. Une vérité qui n’est pas organisée, compréhensible, construite même. Elle échappe à la logique factuelle. Elle prend ses aises, sa liberté d’exister visuellement. Elle est faite du passé, du présent, de la projection, de l’imaginaire, du fantasme, des souvenirs sensoriels, des engagements contestataires, des évitements, des protestations, des rêves, des colères, des interdits, d’un peu d’inconscient aussi.   Mon travail actuel s’attarde plus particulièrement sur les liens généalogiques, génétiques, épi-génétiques qui nous tressent, nous nouent, nous multiplient. Un parrallèle naturel se fait avec les racines, l’arbre, la «pousse végétale». Des attaches, des possibilités de carrefours aussi, de changements de direction : des branches. La métaphore de la possibilité d’agir sur nos héritages.

De la peinture à l’huile, des pigments, de l’encre… Je mélange les techniques et les supports avec rage ou minutie, avec fulgurante ou tempérance. Parce qu’on est fait, précisément, de toutes ces contradictions.

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