Les autres.
Les normaux.
Ils savent parler, rire.
Ils ont des références. Ils savent la musique, les noms des groupes, les paroles des chansons, l’année de sortie des albums. Les blagues. Ils ont de la mémoire, les autres. Les autres, ils savent les films, les acteurs, ils savent les séries. Ils ont les références. Les autres, ils savent bouger, s’habiller, ils savent boire. Ça fait longtemps qu’ils font partie des autres, les autres.
Ils font du bruit. Ils choisissent des mots à propos, qui s’imbriquent bien dans les conversations. Juste les bons. Ils se concentrent. Ils peuvent ranger les pensées dans le bon ordre pour faire des phrases qui ont du sens.
Ils se savent entre eux, ils savent les autres. Ils ont les codes.
Les autres, ils te transpercent. Ils ne te voient pas du tout. Ils ne te connaissent pas. Ou ils t’ont oubliée. Ils ne te reconnaissent pas. Tu ne fais pas partie de leur référence. Toi, tu es transparente. Autour, ta coquille ne sert à rien. Elle laisse passer tout et toi tu n’envoies rien. Dedans, ça circule, les pulsations, la digestion, les poumons… tout s’agite dedans. Mais dehors, tu es transparente. Une méduse, inoffensive. Dedans, ça cogne aux parois, ça s’enfièvre, ça se tourmente, ça se convulse. Mais dehors, rien que du vide, placide.
Rien que toi.
Et encore… à peine définie.
Transparente.
Huile sur toile • 2024 • 100 x 80 cm
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